A la faveur de cette nuit obscure

Le Comte Ory von Gioacchino Rossini


FRANÇAIS

Trio

LE COMTE ORY
A la faveur de cette nuit obscure,
Avançons-nous, et sans la réveiller,
Il taut céder au tourment que j'endure;
Amour me berce, et ne puis sommeiller.

D'amour et d'espérance
Je sens battre mon coeur;
La nuit et le silence
Assurent mon bonheur.

ISOLIER
De crainte et d'espérance
Je sens battre mon coeur.
La nuit et le silence
Redoublent son erreur.

LA COMTESSE
cachée par Isolier
De crainte et d'espérance
Je sens battre mon coeur;
La nuit et le silence
Redoublent ma frayeur.

ISOLIER
bas, à la Comtesse
Parlez-lui.

LA COMTESSE
Qui va là?

LE COMTE ORY
C'est moi: c'est sœur Colette.
Seule, et dans cette chambre ou je ne puis dormir,
Tout me trouble, tout m'inquiète.
J'ai peur... permettez-moi... près de vous... de venir.

ISOLIER, puis LA COMTESSE
(Ah! quelle perfidie!)

LE COMTE ORY
avançant près d'Isolier qu'il prend pour la comtesse Adèle
Ô moments pleins de charmes!
Quand on est deux, on a moins peur.

ISOLIER
(Oui, lorsqu'on est deux!)

LE COMTE ORY
prenant la main d'Isolier, qui prend celle de la comtesse Adèle
Ah! je n'ai plus d'alarmes.

LA COMTESSE
Que faites-vous?

LE COMTE ORY
pressant la main d'lsolier
Pour moi, plus de frayeur!
Quand cette main est sur mon coeur.

LA COMTESSE
(Il presse ma main sur son coeur.)

ISOLIER
à la Comtesse
Beauté sévère,
Laissez-le faire;
Son bonheur ne vous coûte rien.

LE COMTE ORY
(Grand Dieu! quel bonheur est le mien!)

D'amour et d'espérance, etc.

ISOLIER
De crainte et d'espérance, etc.

LA COMTESSE
De crainte et d'espérance, etc.

Maintenant, je vous supplie,
Soeur Colette, rentrez chez vous.

LE COMTE ORY
à lsolier
Vous quitter... c'est perdre la vie ...
Oui, je demeure à vos genoux.

LA COMTESSE
Je tremble, ô ciel! Que faites-vous?

LE COMTE ORY
se démasquant
Sachez le feu qui me dévore!
C'est un amant qui vous implore.

LA COMTESSE
Ah! grand Dieu! quelle trahison!

LE COMTE ORY
L'amour qui trouble ma raison
Doit me mériter mon pardon.
[à Isolier qui veut se lever]
Ne m'ôtez point, je la réclame,
Cette main que ma vive flamme...

LA COMTESSE
Ah! comme vous me pressez!
Laissez-moi.

LE COMTE ORY
embrassant lsolier
Vrai Dieu! Madame,
Peut-on vous aimer assez?

En ce moment un bruit de clairons retentit â la perte du château. Les femmes de la Comtesse se précipitent dans l'appartement en tenant des flambeaux.

DEUTSCH

Dank dem Dunkel dieser Nacht

Terzett (Nr. 11) Comte Ory / Isolier / Comtesse Adèle
im zweiten Akt von Rossinis Le Comte Ory.
Im Dunkel der Nacht macht Ory dem Pagen den Hof in der Annahme, es handle sich um die Gräfin.