O mes clairs diamants

Ariane et Barbe-Bleue from Paul Dukas


FRANÇAIS

ARIANE
Ouvre vite.

Hésitante, la Nourrice, elle ouvre la sixième porte.
La porte s'ouvre lentement. Même jeu, mais cette fois,
l'irradiation est intolèrable. Ce sont des cataractes
d'énormes et purs diamants qui se précipitent dans
la salle. Des millions d'étincelles, de rayons,
d'irisations se rencontrent, s'éteignent, se rallument,
déferlent, se multiplient, s'étalent et s'exaspèrent.
Ariane déconcertée, pousse un cri d'éblouissement.
Elle se penche, ramasse un diadème, une rivière,
des poignées de splendeurs qui éclatent et en pare,
au hasard, ses cheveux, ses bras, sa gorge et ses mains.



ARIANE
Tandis qu'elle fait resplendir sous ses yeux et élève
devant elle les diamants qui l'illuminent.


O mes clairs diamants!
Je ne vous cherchais pas,
mais je vous salue sur ma route!
Immortelle rosée de lumière!
Ruisselez sur mes mains,
illuminez mes bras,
éblouissez ma chair!
Vous êtes purs, infatigables,
vous ne mourrez jamais.
Et ce qui s'agite en vos feux,
comme un peuple d'esprit
qui sème des étoiles,
c'est la passion de la clarté qui
a tout pénétré,
ne se repose pas,
et n'a plus rien à vaincre
qu'elle-même.

S'approchant de la porte ouverte
et regardant sous la voûte.


Pleuvez, pleuvez encore, entrailles de l'été,
exploits de la lumière
et conscience innombrable des flammes!
Vous blesserez mes yeux
sans lasser mes regards …

Se penchant davantage.

Mais que vois-je? Nourrice, Nourrice, où donc es-tu?
La pluie magnifique se déchire et demeure en suspens
au-dessus d'un arceau qu'elle éclaire!
Voilà la septième porte avec ses gonds,
ses barres et sa serrure d'or! …

LA NOURRICE
Venez, n'y touchez pas! Retenez vos mains
et vos yeux de crainte qu'elle ne s'ouvre...
Venez donc, cachons-nous...
Après les diamants, c'est la flamme ou la mort...

ARIANE
Oui, retire-toi, Nourrice,
Cache-toi derrière ces colonnes de marbre.
Je veux y aller seule.

Elle entre sous la voûte, met la clef dans la serrure;
la porte se divise, rien ne parait qu'une ouverture
pleine d'ombre, mais un chant étouffé et lointain s'élève
des profondeurs de la terre et se répand dans la salle.

DEUTSCH

ARIANE
Öffne schnell.

Die Amme öffnet zaudernd die sechste Tür,
die sich langsam öffnet. Dasselbe Spiel, aber diesmal
ist der Strahlenglanz unerträglich. Ein Wassersturz
von grossen, reinen Diamanten fällt in den Saal.
Unzählige Funken, Strahlen, Kreuzfeuer und
Farbenspiele begegnen sich, ersticken einander,
flammen wieder auf, schäumen über, mehren sich,
breiten sich aus und wogen immer wilder. Ariane steht
geblendet und stösst einen verwirrten Schrei aus.
Sie neigt sich, hebt ein Diadem, eine Halskette,
eine Hand voll Glanz auf und schmückt damit
wahllos Haare, Arme, Hals und Hände.


ARIANE
Während sie die sie beleuchtenden Diamanten vor
ihren Augen erstrahlen lässt und zu sich emporhebt.


Oh, meine reinen Diamanten!
Euch suchte ich nicht,
doch ich grüsse euch auf meinem Wege!
Unsterblicher Lichttau!
Strömt auf meine Hände,
leuchtet auf meinen Armen,
entflammt mir den Leib!
Ihr seid rein, unermüdlich
und unsterblich,
und in euren Strahlen lebt,
wie ein Volk von Geistern,
das Sterne sät,
die Leidenschaft nach
alles durchdringender,
unermüdlicher Klarheit,
die nichts mehr zu besiegen hat
als sich seibst.

Sie nähert sich der offenen Tür
und blickt unter das Gewölbe.


Regne, regne herab, Inneres des Sommers,
Ausgeburt des Lichtes,
du Gewissen zahlloser Flammen.
Du tust meinen Augen weh,
ohne doch meinen Blick zu ermüden …

Sie neigt sich noch mehr.

Doch was sehe ich? Amme, Amme, wo bist du?
Der herrliche Regenschleier zerreisst und schwebt
leuchtend über einer Bogenwölbung!
Hier ist die siebente Tür, mit ihren Angeln,
ihren Balken und ihrem Schloss von Gold! …

DIE AMME
Halt, rührt sie nicht an! Lasst die Hände davon und
die Augen, dass sie sich ja nicht auftut …
Kommt doch, verbergen wir uns …
Nach den Diamanten kommt Feuer oder Tod …

ARIANE
Ja, geh beiseite, Amme.
Verbirg dich dort hinter den Marmorsäulen.
Ich will allein gehen.

Sie geht unter das Gewölbe und steckt den Schlüssel
ins Schloss; die Tür teilt sich, doch erscheint nichts als
eine finstere Öffnung; nur ein ferner, gedämpfter Gesang
erhebt sich aus den Tiefen der Erde und erfüllt den Saal.

HISTORICAL INTERPRETATIONS

Suzanne Balguerie, 1931